Doungou Camara : force de courage et d’esprit

 La championne mondiale de hand-ball franco-sénégalaise, revient sur les devants de la scène à la suite d’une grave blessure

Doungou Camara, jeune sportive franco-sénégalaise, championne et ancienne capitaine de l’équipe des « Lionnes » de hand-ball, nous dévoile les coulisses de son parcours, ses pensées, ses défis, ses routines. « La réussite n’est pas qu’une question de talent », dit-elle, ou de prouesses physiques. Une fois atteint un niveau professionnel dans le milieu du sport, la sphère publique et médiatique ont tendance à se focaliser uniquement sur les résultats des matchs, tandis que l’on survole à quel point le combat d’un athlète, commence dans son esprit et « Doudou » nous en témoigne à cœur ouvert… 

Bonjour Doudou, est-ce que tu peux te présenter et surtout nous révéler comment le hand-ball est entré dans ta vie ? 

– Bonjour Kaïgé-Jean, bonjour aux lecteurs,

Eh bien je suis née en France à Pontault- Combault en 1995, et ma famille est d’origine sénégalaise. Tous ceux qui sont au-dessus de moi, sont des athlètes, pas en professionnel, mais très forts 

quand-même. J’ai toujours joué au football, mon père disait que je suis un garçon manqué. Un jour j’ai accompagné une copine à son entrainement et j’ai aimé, j’ai demandé à sa coach si je pouvais essayer et elle m’a dit oui ! D’ailleurs c’est elle qui m’a surnommée « Doudou ». Mon père pensait que c’était juste comme ça, mais au contraire, ça a pris de l’ampleur et je ne m’en sépare plus du tout !  

Comment se sont mises en place tes études en fonction du programme sportif ? 

– A mes 15-16 ans tout a basculé, j’ai changé d’école pour entrer dans une section sportive SSO. Ce n’était pas le plus dur parce que je connaissais déjà certaines personnes. Au lycée c’est devenu plus stricte, j’étais en sélection sportive à Chatenay Malabry et là, tu es dans un internant, aussi en section sportive dans le Pôle espoir, et là, tu ne fais pas la folle !  Je suis très famille, et ils me manquaient beaucoup. Le rythme de travail s’est intensifié, les cours étaient aménagés en fonction du sport. Et j’avoue que ça devenait de plus en plus intense et fatiguant. 

Tu crois que tu aurais eu le même état d’esprit actuel sans cette discipline dans ta vie ? 

– Non, vraiment pas. Je n’aurais jamais été celle que je suis sans le sport. Cela m’a apporté de la maturité et des responsabilités très tôt. J’avoue que j’aime faire le clown, mais plus t’avance moins on veut de clown, donc fallait être sérieuse.  Puis, j’ai fait des connaissances incroyables, ça m’a enrichie. 

C’est sûr que c’est un sport où faut prendre sa place, pas dans la méchanceté mais sur le terrain comme dans la vie c’est pareil ! Il faut se battre et le combat commence dès la prédation physique. C’est comme quand tu vois une fiche technique de préparation physique avant des matchs :  tu te dis que tu vas mourir tout de suite ! Et quand c’est fini tu te dis : Hamdoullah, t’est vivant ! Donc il ne faut rien lâcher.

« Mon corps a changé, m’a lâché j’ai dû faire face à un grand manque d’énergie et d’estime envers moi-même. » 

A la suite à une blessure au genou en 2018, tu as été obligée de quitter le terrain, mais te revoila à la grande surprise de beaucoup de tes camarades !  De quelle nature a été l’essence de ce combat face à cette mésaventure ? 

– J’étais focus sur la CAN 2018 au Congo RDC, mes vacances ont été que des préparations H24. Un mois avant la compet je me blesse et j’enchaîne 9 mois de rééducation ; diagnostic : ligaments croisés. club. J’ai dû faire appel à des personnes externes pour m’aider à avancer. C’est là que j’ai compris que le plus grand combat se déroule dans le cerveau, je ne le savais pas avant d’être infirme. Je ne faisais pas attention à la portée spirituelle de la pensée sur le corps. J’ai fait beaucoup de sophrologie, d’exercices de respiration. J’étais devenue mécanique. Parfois je rentrais chez moi je pleurais mais j’étais ko : je dormais, préparation, kiné, dodo. C’était ça ma vie. J’étais très seule, c’est difficile de reprendre confiance en mon corps et aux autres. Mon corps a changé, m’a lâché j’ai dû faire face à un grand manque d’énergie et d’estime envers moi-même. Mais c’est possible, je revenue sur le terrain pour le TQO (Tournois Qualificatifs aux Jeux Olympiques) à Dakar en 2019, et je suis encore plus forte qu’avant.  C’est ce qui compte aujourd’hui.

Changer d’équipe nationale t’as permis de rencontrer ton pays d’origine, est-ce que tu t’es sentie plus entourée par l’équipe des Lionnes du Sénégal ? 

Oui, complètement ! J’ai été très soutenue par l’équipe et le peuple sénégalais. C’est une joie de montrer que les franco-sénégalises existent dans le hand-ball et qu’on n’a pas que la force physique, mais surtout aussi une force stratégique.  Cela m’a permis d’aller voir mon pays d’origine pour la première fois, étant en équipe de France jeune je n’avais pas le temps pour de vacances. Je ne pouvais pas aller au Sénégal et ma famille partait sans moi. Je sais l’importance d’être une enfant de la diaspora et de porter le maillot africain : Sénégal.  J’en suis très fière. J’ai même commencé à apprendre le wolof, même si je suis soninké ! Cette nouvelle opportunité m’a stimulée, j’ai adoré et je ne m’attendais pas à être si heureuse dans cette nouvelle équipe.  La compétition est ce qui m’anime, mais je ne commence jamais sans me préparer mentalement et sans mes exercices de respiration. Il faut que je ressente mon corps entièrement. 

Un petit mot de la fin, pour saluer nos lecteurs ? 

Vous devez croire en ce que vous voulez au fond de vous, et être déterminés. C’est le seul moyen d’avoir des résultats et d’avoir confiance en soi, parce qu’il ne faut jamais écouter ceux qui veulent vous démotiver.

Si può anche come

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